J’aime ce mot “sauvage” piochée à la prose de Levi-Strauss.
“Pensée sauvage”, pensée du bricolage. Pensée analogique de l’organique qui vient iriser notre pensée scientifique et fait revenir en nous l’Enfance, ce temps où l’imagination prévaut sur la connaissance des savoirs.
SAUVAGE charrie dans ma mémoire l’odeur de la luzerne fraiche après une nuit passée à la belle étoile, les épopées jubilatoires en forêt, les sorties à toute blindé en bicloune, les batailles de boue et les plongeons dans les vagues, le ciel éclatant des Amériques et la puanteur rance des bidonvilles d’Amazonie où des enfants pétrissent des ballons de foot avec des guenilles pour jouer sur des décharges publiques.”Sauvage”, un mot qui soulève toute la vie criarde et rance, les cris et les élans de joie comprimés au fond des entrailles.
Sauvagerie, sauvageon. Sauvage rit, sauvage rompt. “Toutes les belles choses sont sauvages et libres” pour Thoreau père de la désobéissance civile. Sauvage, la beauté des libres ?
J’aime ce texte “sauvage” concis, incisif , tendu comme un lance pierres d’où jaillissent des mots qui ricochent dans mon cerveau et y font des ronds dans mes neurones.