Médias manipulateurs

Petit détour par un cours de Marketing-Communication reçu en “grande” Ecole de Commerce début des années 90, pour se faire un avis sur la manipulation à l’œuvre dans les Médias évoquée dans l’article précédent, “IN DATA WE TRUST, nouveau paradigme” ?

Cours de haut vol niveau Master avec des pros sur la Place. Une intervenante qui officie dans une GROSSE agence de communication internationale nous explique comment elle a mené une opération pendant 10 ans, pour placer un produit alimentaire hautement transformé, en substitut du beurre et de l’huile, sur le marché français. Problématique : comment s’introduire sur le marché des graisses en cuisine en n’étant pas de la graisse, en concurrence avec des pratiques culinaires établies depuis des millénaires, avec de surcroit, un produit sortant de cuves industrielles, au pays de LA Gastronomie ? En manipulant l’opinion via les médias, pardi. Recette !

Créer de toute pièce un débat national sur un sujet qui concerne tout le monde et qui met en jeu la seule chose qui clôt toutes discussions, la mort. Forgez un terme médical pour aborder le sujet par la bande. Choississez le domaine de la Santé car “avec la santé on ne transige pas”. Ainsi ont été identifiées et nommées les maladies cardiovasculaires pour pointer les graisses du doigt. Avec pression sur le cœur en prime. Il suffit de deux pseudos scientifiques dos à dos que l’on a payé pour s’écharper sur la place pour lancer le sujet. Chose d’autant plus facile à faire quand vous avez le contrôle des médias-presse. Introduisez discrètement le conflit préparé à un moment importun, genre un décès anticipé qui fait du bruit avec le cœur engraissé en ligne de mire, et le tour est joué.

A l’époque ou chacun veut avoir son quart d’heure de célébrité, deux complices tapis dans l’ombre bien choisis, peuvent déclencher un véritable tsunamis de réactions à l’échelle nationale. De l’art de rester dans l’ombre pour ne pas éveiller les soupçons. Noyauter le débat en l’alimentant régulièrement de données à votre sauce, en jouant un coup le pour et un coup le contre avec vos sbires en fonction, en agitant la peur de la mort comme fanion pour attirer l’attention, avec cette équation simpliste ramenée à un enchaînement factice de trois propositions (compter jusqu’à 3, TOUT LE MONDE sait le faire) : 1. cuisine avec graisse égale graisse dans le sang. 2. graisse dans le sang égale maladie cardiovasculaire. 3. maladie cardiovasculaire égale infarctus pouvant conduire à la mort. Le must dans l’histoire, c’est que s’agissant d’un débat de Santé nationale dans un pays où opère une institution d’Etat, des professionnels et institutions sont obligés de prendre parti et décisions. Dans certains cas, vous pouvez attraper dans vos filets de très gros poissons, qui relayent sans le savoir vos idées à façons. Jubilation du cynique tapi dans l’ombre qui voit fleurir le fruit de ses manipulations. D’autant que l’opération n’a pas encore couté un centime en publicité. Tout se joue dans des revues et journaux via articles et éditos, qui remontent peu à peu les eaux médiatiques des revues spécialisées jusqu’aux quotidiens nationaux. Et ce résultat peut prendre des mois voire des années.

Quand le débat a pris la Nation et que plus personne ne peut dire si s’il faut bannir le beurre ou lui préférer l’huile, si la graisse est bonne ou mauvaise, mais que le message est passé qu’elle pose un problème qui s’appelle les maladies cardiovasculaires, et que régulièrement le sujet s’invite de lui-même dans un reportage à la télévision, vous avez pris en otage l’opinion, les médias et même l’Etat, à la barbe et aux yeux de toutes et tous, et vous pouvez balancer sur le marché à grands renforts de publicité, votre proposition, le produit miracle qui résout TOUT. Applaudissement général dans la salle et ovation. Tout le monde est soulagé et court dans les rayons se ruer sur LA solution. L’Opé a pris 10 ans de manipulation, le produit alimentaire après une sortie en fanfare a fini par trouver sa niche et est aujourd’hui toujours en vente dans les rayons. Des décennies plus tard, qui doute encore que manger trop de graisse peut provoquer la mort, et que les maladies cardiovasculaires comme la consommation de beurre ou d’huile sont à surveiller de près ? Qui ne se pose pas la question de savoir ce qu’il faut mettre dans sa poêle en fond et n’a pas une pensée pour le produit placé à grands renforts de manipulations ?

Suffisamment clair pour avoir un petit goût des manipulations qui s’opèrent dans les tuyaux de la télévision ? La professionnelle de la communication a conclu sa démonstration devant un parterre d’étudiants béats par un fier et tonitruant : “Je peux vous exposer tout ça car ces techniques de manipulation (assez sophistiquées) sont désormais connues et ,pratiquées par tous. Elles ont depuis bien évoluées et mon cabinet est à la pointe des techniques et savoirs d’aujourd’hui. Mon prochain job c’est de faire vendre des bulles d’air qui pétillent dans l’eau au prix de l’or. Ceux qui sont intéressés de participer à cette campagne qui démarre aux USA à la rentrée prochaine peuvent venir me voir. ». Est-il nécessaire de notifier qu’après le cours magistral, la queue était pleine ?

C’était il y a 30 ans et depuis les industriels et les financiers de la planète ont finement ciselé leurs modèles stratégiques et leur modus operandi, en plus d’avoir pris d’assaut les médias, toutes obédiences et moyens de diffusion confondus : télé, presse, téléphonie, internet. Ce sont désormais de gros consortiums industriels et holdings financières qui contrôlent le capital des grandes et petites enseignes, au niveau national et international.

Quand on voit ce que certains ont pu faire pour un produit alimentaire dans le passé avec des moyens considérés aujourd’hui comme dépassés, imaginez ce que d’autres sont capables de faire aujourd’hui, à l’échelle mondiale de surcroit, pour rendre un vaccin obligatoire, placer un président, prendre le contrôle d’un pays en sous-main ou fomenter une guerre.

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