On the Road

On the Road


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J’ai travaillé toute la semaine dernière à ranger mon garage pour le transformer en lieu de tournage.
Pendant 5 jours d’affilée, j’ai soulevé, porté, déplacé des kilos d’objets, afin de dégager un couloir de visée pour ma caméra. J’ai travaillé jusqu’à tard dans la nuit porté par mon élan, j’ai même dormi sur place (il y faisait 11° la nuit) recroquevillé sur un vieux canapé et emmailloté dans une couverture pour ne rien perdre de ce que je vivais, les 5 jours d’affilé. Quand créer vous prend il n’y a qu’une seule chose à faire : obéir, foncer, travailler ! Vous en oubliez de dormir, de manger, de vous laver… mais quelle joie quand vous avez franchi une étape !
Ce n’est que le dimanche matin, une fois retrouvé la chaleur et le confort de mon domicile, quand je pensais enfin pouvoir rassembler mes pensées et me mettre à écrire, que je me suis retrouvé bloqué par un lumbago… en passant l’aspirateur ! Commentaire d’un ami intime à qui j’ai confié « mon malheur » : « voila ce qui arrive quand on fait le boulot réservé aux femmes » ! C’était sa manière de dire qu’il aimait profondément la sienne, présente à ses cotés pendant que nous parlions au téléphone. C’est un homme taquin qui a un certain gout -et talent!- pour la provocation même si depuis il a compris que toute provocation n’était pas forcement bonne à dire. J’en profite pour le saluer ici, il se reconnaitra s’il me lit 😉 .
J’ai quand même réussi à faire un pied de nez à ce coquin de lumbago le dimanche après midi en me plongeant dans la lecture de « Sur la route » de Jack Kerouac (« On the road » pour les connaisseurs).
^La route^ ! J’ai de folles envies de dénuement, de dépouillement même en ce moment. Est ce l’hiver et ses arbres nus qui m’inspire ces pensées d’allègement ?
Je retiens de la lecture de ce livre, non les frasques du héro ou ses mésaventures (même si elles participent du propos) mais cette formidable énergie : La route c’est l’immensité, c’est le mouvement, il n’y a qu’une seule façon d’avancer c’est de toujours aller de l’avant.

« Nothing behind me,
everything ahead of me,
as is ever so on the road »
Jack Kerouak

Lundi midi la douleur s’est un brin apaisée et j’ai pu reprendre mon clavier. J’ai travaillé sans relâche jusqu’à mardi midi. J’ai adressé à Michel Potay un long commentaire sur son blog pour ses entrées 180-181, (commentaire publié en 181c4 sur le site de l’intéressé). Mais même respirer me faisait encore mal (la sciatique qui s’est déclenché me lançait ses piques à intervalles réguliers dans le genou, le pied, les cotes). Mon corps endolori par la douleur était comme transi mais curieusement ma pensée s’en est trouvée stimulée, aiguillonnée.
Écrire est un processus mystérieux qui vous fait plonger dans vos propres profondeurs et fait participer votre être tout entier à la construction de votre pensée. Je sais que ce mal passera, tandis que mes mots eux, ont une chance de rester.
 
* (Photo : Dennis Stock – 1971 – motard sur la route, USA.)

5 thoughts on “On the Road

  1. oui éric, vos maux ,, vont passer,,
    et vos mots vont rester,,
    ils resteront parcequ’ils savent toucher le coeur défilant , le fil d’ariane de votre dernier commentaire d’ailleurs ,!!(toucher le coeur)
    ,
    on y trouve toute les couleurs de l’arc en ciel de nos vies d’homme ou de femme;
    couleurs mélées selon les heures et les jours , leurs nuances , et leurs présences à notre profonde intimité
    ……..ils chantent aux oreilles de celui qui en entend la musique..
    ……..ils font briller les yeux de celui qui sait voir au delà ..
    ……..ils habillent de leur parure celui qui voit là à embellir son àme..
    ……..ils résonnent aux coeurs tendus vers l’autre, vers l’Autre

  2. Ah,oui,je me suis reconnu dans cet humour déplacé que je voudrais tant se faire léger si toutes les susceptibilités pouvaient s’évanouir comme les maux inutiles que nous infligent la bêtise. Mais la légèreté ne semble convenir qu’à ceux qui restent figés dans un égo mal géré. Alors mes propos sont souvent pris pour des poids mis au pied des mots. Pour ne pas être pris au pied de la lettre, j’ai cessé de provoquer. Les pauvres ! C’est pourtant si bon pour la santé de rire de quelques idioties plus légères que la légèreté des égarés glacés. Fred.

  3. Comment se fait-il que l’un de mes écrits qui date de 2017 puisse se retrouver sur un blog où le verbiage trône et que j’ai découvert en 2022 ?
    « On the road », qui fut la raison qui m’a fait longtemps te soutenir et te sortir des différents trous dans lesquels tu t’enterres sans te lasser, n’est pas un « road trip » virtuel sorti tout droit de tes « poésies fumeuses » ni de ton continuel verbiage. C’est, à l’image de ce que Jack aura laissé, du concret.

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