Viens prendre le Feu !

Viens prendre le Feu !

Hier dimanche 12 juillet, s’est ouvert la deuxième quinzaine du pèlerinage d’Arès qui a lieu tous les été entre le 21 juin et le 15 août, à l’endroit même où Dieu s’est manifesté et a parlé en 1977. “Je suis ici. Tu y viens, les frères y viennent (…). Appelle le frère, le frère, le frère. Viens prendre le Feu !”(Révélation d’Arès XLI/1-7) dit-il à son témoin au cours de la cinquième et dernière théophanie, fondant ainsi le pèlerinage.

Le pèlerinage d’Arès n’a pas grand chose à voir avec le pèlerinage de Lourdes ou toute autre cérémonie religieuse. On ne vient pas à Arès quêter une faveur personnelle, la guérison d’une maladie ou le pardon de ses fautes. On vient à Arès prendre le feu (Révélation d’Arès XLI/7) du Bien, le feu du changement, pour réveiller ou raviver sa volonté de se forger une âme (4/7) et de contribuer à changer le monde (28/7). Il est ouvert à tous sans distinction de race, de croyance ou de religion pourvu que celui qui s’y rend pour prier ou méditer s’engage à respecter la façon dont le Pèlerinage est géré par ceux qui y assurent l’entretien, l’accueil, le respect et la paix (voir ici pour prendre connaissance de l’esprit dans lequel le pèlerinage est tenu).

Personnellement j’ai découvert La Révélation d’Arès à l’automne 1990 et je viens en pèlerinage tous les étés depuis 1991. La première fois j’étais très impressionné, bouleversé par l’émotion de me retrouver là, face à mon Créateur, face à Dieu, face à moi-même aussi. Combien de temps m’a t-il fallu pour entrer dans ce lieu en toute sérénité ? Des années je crois, même si aujourd’hui encore, l’intranquillité me traverse quand j’entre dans le déchaussoir et que j’entre en moi-même pour me préparer à la prière. Je sais que je n’ai rien à craindre de Dieu, qu’ici j’entre dans un lieu de Paix. Mais c’est plus fort que moi. Je tremble à chaque fois que j’entre dans le Saint Lieu. Je crois que c’est la conscience et la honte d’être pécheur. Une lutte qui n’est pas sans rappeler celle de Jacob avec l’ange (Génèse 32/25-33) s’engage en moi-même. Les plus folles pensées m’envahissent. Une part de moi voudrait fuir cet endroit, l’oublier, mais c’est l’autre qui l’emporte. Celle qui me fait rester, entrer et revenir. La raison n’est pas étrangère à la foi telle qu’on la redécouvre dans La Révélation d’Arès. Foi et raison sont comme moteur et gouvernail de l’édifice spirituel que l’homme est appelé à construire.

Le pèlerinage j’en ai besoin tous les ans pour me ressourcer, pour me laver de la boue du monde dans laquelle je baigne toute l’année, pour m’enfoncer dans la prière comme un clou dans le bois et faire corps avec le Verbe divin, verbe créateur avant tout. Nulle part ailleurs, la Parole de Dieu ne prend une telle dimension. A Arès, tout devient plus clair, plus évident, plus fluide. Plus profond aussi. La parole qui court sur mes lèvres pendant ma prière coule comme une eau forte et limpide qui m’emporte dans son flot et me conduit à la Mer. Peu à peu, au fil des jours, l’étau qui enserre mon esprit relâche son emprise et mes pensées s’évadent vers le Ciel. Je vis chaque pèlerinage comme un abandon à Dieu, un dépouillement autant qu’un éclaircissement. Je lis intégralement La Révélation d’Arès pendant mon pèlerinage et chaque année j’y découvre et j’y puise une force nouvelle que j’étaye de mes lectures.

Mais le pèlerinage ce n’est pas qu’une prière intense et soutenue. C’est aussi un moment privilégié où je fais le point sur l’année passée, sur les projets engagés, sur ma pénitence, la vie d’assemblée… Je médite, je réfléchis, je revisite mes objectifs à atteindre, je prends des décisions sur les projets de mission à venir, les efforts personnels à faire,… Mon pèlerinage est aussi une veillée d’armes. Je pose mes valises et je mets tout à plat. Je projette sur ma réalité et mes projets la Lumière du Feu d’Arès. Pendant ces quelques jours, je sors du monde, je sors du temps, et je respire un autre Air (Rév d’Arès xxxii/4). Je vis mon séjour comme une intense session de travail de fond dont dépendra tout ce que je vais faire l’année suivante. Avec le temps ma pénitence comme ma mission sont devenues plus construites et mon pèlerinage s’inscrit dans une dynamique de plus en plus consciente et élaborée à laquelle Dieu participe.

Pas de mystique ici, même si la proximité avec le Créateur occasionne ici et là la manifestation de signes. Arès est le point de jonction entre le Ciel et la terre. S’il y a une force que je travaille à faire grandir en moi tout particulièrement en pèlerinage pour faire contrepoint à la transcendance qui pourrait me porter à l’illuminisme, c’est le réalisme. Car j’ai conscience que je viens ici pour prendre la force de me conquérir et de changer le monde (28/7) et que je ne réussirais pas dans cette entreprise sans lucidité, ni sans adaptation aux réalités. A Arès je plante mon pied (xL/1) et je me redresse, autant que je plonge dans mes profondeurs et que j’écoute Dieu. Transcendance et réalisme, c’est mon programme en pèlerinage en quelque sorte.

Je vais aussi rencontrer d’autres pèlerins, partager des moments avec certains d’entre eux, marcher entre les pins, nager, gouter la douceur d’une belle soirée d’été, parce que la vie c’est aussi ça. Mais une fois de plus, ce à quoi j’aspire le plus, c’est de me retrouver face à Dieu et souffler, souffler sur mes braises, ouvrir les yeux grand sur le Ciel et emplir mon âme, mon cœur de la présence du Père.

C’est finalement quand je quitte Arès que je me rends le mieux compte de la Force et de l’intensité que l’on vit là-bas. C’est quand je dois à nouveau me replonger dans la dureté et la grisaille du monde que je mesure le calme, la paix, la hauteur que j’ai pris en pèlerinage. Alors il me reste la prière et la mission pour souffler sur mes braises incandescentes et ne pas laisser s’éteindre ce grand Feu que Dieu a rallumé en moi.

Des siècles durant les hommes de cette partie du monde ont prié et envoyé leurs voix vers le Ciel. Ils ont construit des églises, bâti des cathédrales, des temples,… ils ont espéré et appelé et voilà qu’enfin, au moment où l’on ne l’attendait plus, que Dieu est de retour ! Cette longue attente, cette langueur aussi, je les porte en moi. Je sais que je suis porté par et que je porte tous ceux qui m’ont précédé comme je porte et serai porté par tous ceux qui me suivront sur ce Saint Lieu qui deviendra un jour, le Haut Lieu où se retrouveront dans la paix, tous les peuples de la terre.

Je souhaite un bon pèlerinage à toutes celles et ceux qui se rendront à Arès cet été pour y prier et un bel été à tous.

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