Réfrigérance médiatique et glaciation luminique

La caméra peut être autre chose qu’une caisse enregistreuse froide et mécanique. Contrairement à ce qu’en pensent ceux qui l’utilisent comme simple outil de captation d’information, sans intention créatrice, anarchiquement ou normativement. La matière est sensible à l’esprit qui peut l’investir comme l’eau ou l’air chaud investit un contenant. La caméra qui absorbe ma sueur, ma température, mes chocs, mes émotions, vibre au contact de ce que je suis, de ce que je vis dans l’instant. Autant qu’elle vit de la vie de celui ou celle qui s’offre au regard caméra, et transmet à la matière qui incorpore l’information “IMAGE” son ondulation vibratoire.

Une personne filmée émet dans le champs plus que la lumière ; elle rayonne de l’arc électrique de ses émotions qui se répandent dans l’air ambiant et de tout ce que son corps et sa pensée brassent d’énergies et de forces. Energies et forces qui influent sur le cours des photons pris dans les filets de la matrice filmique. Toute prise de lumière se charge de force. Filmer un être avec amour qui vous renvoie son amour, ne produit pas le même résultat que viser un ennemi avec férocité qui vous pointe un regard assassin.

La vie est complexe, elle est avant tout chaleur et vibrance qui perturbent en permanence le cours de toutes les choses, petites ou grandes, humaines et non-humaines. La télévision et les grands médias qui empapillotent la vie dans leurs écrans avec une captation et une diction mécaniques préfabriquées, font penser à ces échoppes standardisées qui servent des encas froids produits en série, réchauffés et agrémentés pour l’occasion, en lieu et place d’un bon repas chaud fait maison.

Quant à ces mille et mille caméras de surveillance qui se multiplient sur tout les territoires, elles impriment à la matière qu’elles produisent, probablement aussi sûrement qu’un cinéaste ou filmeur vivant imprime sa vie aux images saisies, la mort de leur fixité et la froideur de leur œil mécanique dépourvu de conscience créatrice.

Si la télévision et les grands médias qui ont envahi tous les espaces et pris les allures de vitrines réfrigérées renvoient au monde leur haleine givrante réfrigérante et produisent un univers de figures spectrales, la généralisation des images de surveillance produites et stockées en masse sous vide qui fige nos vies et aspirent nos regards, congèle peu à peu le monde et notre lumière dans des banques de données chiffrées stockées en batterie dans des hangars. Il prépare tout bonnement une ère glaciaire de l’émission luminique humaine et une foule de regards hagards.

Vous avez dit “réchauffement climatique” ? Je dis “spectralisation et glaciation luminique” de la Terre.

2 thoughts on “Réfrigérance médiatique et glaciation luminique

  1. On peut ne pas partager ta théorie mais elle est brillante et cohérente …après tout dans l’univers tout n’est qu’onde vibratoire !

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