Cet article fut écrit en réponse à la création du fichier EDVIGE par les forces de Police. Il poursuit ma réflexion sur les menaces que vont peser sur les libertés publiques, les dérives policières de l’Etat.
Mais qu’est ce qu’ils vont bien pouvoir mettre dans leurs fiches ? Est-ce qu’on peut réduire un individu à une liste de critères prédéfinis comme on énumère la liste des ingrédients d’un aliment en boîte acheté dans un supermarché? Ca donnerait quoi? Essayons avec mon profil pour voir:
” Éric D., occis-dental reminéralisé, militant spirituel récidiviste (déjà deux évasions à son actif), chausse du 1m44 les samedis après-midi (mes bottes de sept lieux pour rejoindre la Mission), boit du jus triphasé (Bible, Coran, Révélation d’Arès), se creuse la couenne et remplit ses vides d’une coulée lactique invisible (l’âme), youyoute chaque été dans un village de pécheurs (le pèlerinage), aide les vieilles mamies à traverser les rues mais appelle ses congénères à se débarrasser de leurs vieilles manies…”
Bon, je rigole, mais, à coup sûr, les Pèlerins d’Arès, dont je suis, sont déjà sur leur liste, affublés de tout un tas de commentaires erronés, avec un rapport lointain avec la réalité, car quand je vois la difficulté que j’ai moi-même à écrire un seul texte juste (juste dans le sens du vrai) pour parler de ma foi et de ce que je vis, quand je vois en plus qu’il me faut tenir compte du filtre mental de mon interlocuteur pour bien me faire comprendre, je me dis que cette logique policière de la mise en fiche est bel et bien une absurdité, un défi lancé à la raison et l’intelligibilité.
On ne peut pas mettre un individu ou même sa foi en fiche. On ne peut pas faire rentrer l’Amour dans des cases, pas plus que l’on ne peut réduire un individu à quelques critères. C’est comme vouloir saisir la flamme d’un feu, la crête d’une vague ou le Vent qui les anime. La vie est mouvement et ce qu’il y a dans l’homme est aussi vaste et profond qu’un océan. La logique de l’État à l’inverse est d’immobilisme et de rétrécissement. Elle écrase et fige l’homme ; elle ne tient compte ni de sa complexité, de ses contradictions et encore moins de sa possibilité d’évoluer, de changer. Elle l’enferme dans des cases qui en dit plus sur celui qui a créé les cases que sur l’homme qu’elle est censée définir.
Je comprends la nécessité pour un État moderne dans le monde actuel, très instable, de se prémunir d’éventuelles agressions et de rester vigilant, mais les mesures qui sont en train d’être prises, en plus de celles déjà existantes, comme la loi sur la manipulation mentale, le plan Vigipirate, etc., sont en train de pourvoir l’Etat de tout un armada de mesures et de moyens qui menacent jusqu’à de simples citoyens sans histoire et le font ressembler de plus en plus à un État policier inquisiteur. Si l’on n’y prend pas garde, on prend le risque de se réveiller un jour dans une démocratie qui n’aura plus de “libérale” que le nom. Et il sera trop tard pour réagir.
Ne nous croyons pas à l’abri d’une telle menace, parce que “nous n’aurions rien à nous reprocher” ou que en France, “la liberté est bien gardée”. L’histoire est là pour nous rappeler la fragilité de tous les acquis et que les grands tournants et les grandes crises ont toujours paru surprendre les foules, muettes, passives et lâches. Faut-il rappeler pour cela que la grande crise de 1929 (prélude aux fascismes et à la deuxième mondiale), a surgi en pleine époque d’euphorie et d’insouciance, les “années folles” alors même que l’on pensait avoir déjà vécu le pire (la guerre de 14-18 communément appelé la grande boucherie ou “la der-des-der”, pour dernière des dernières) ? L’Histoire, force passive qui git en chacun de nous, peut toujours resurgir.