UN MOMENT SANS RETOUR : LES GJ VUS PAR MACHEREL

UN MOMENT SANS RETOUR : LES GJ VUS PAR MACHEREL

Un mmoment sans retour (Macherel) sur QG.media

Mercredi 17 novembre. Jour anniversaire du surgissement des GJ. Diffusion en avant-première sur QG du documentaire de Raymond Macherel, « Un moment sans retour », pour une plongée au cœur du mouvement. Réaction à chaud au visionnage du film et de L’ITV du réalisateur par David Libeskind.

Le film est engagé. Son point de vue est celui d’un sympathisant en forte empathie avec les GJ. La force du film est de montrer sur la longueur la réalité humaine au sein des manifs, des ronds points, des rencontres, des réunions,… « les GJ qui pour la plus part n’avaient aucune formation militante ont appris sur le terrain à une vitesse fabuleuse, pour preuve la très rapide évolution des revendications. » souligne une commentatrice du site.

J’ai ressenti la même chose pendant la mobilisation au sein des GJ et j’ai retrouvé cet aspect vivant dans le film. C’est ce qui m’a convaincu de la force et l’avenir de ce mouvement et m’ à convaincu en même temps que ce qui en ressortira pour la société sera d’un autre ordre que ce qui est sorti des mobilisations politiques aux deux siècles précédents.

À un moment donné dans le film, une réunion. Le RIC fait débat. L’ignorance en la matière est quasi totale dans la salle. Un GJ dit « il faudrait expliquer ce que sont RIC, démocratie, constitution,… ». J’ai vécu de telles situation pendant les GJ. S’ensuivaient généralement de longues explications compliquées que personne ne comprenait. Ce qui n’empêchait pas les GJ de poursuivre leur réunion, d’apporter des solutions et de se doter de moyens propres de fonctionnement.

Quand la volonté d’union dans l’action est là, les hommes trouvent naturellement les moyens de faire ensemble. Et j’ai bien vu et senti qu’à chaque fois, les situations variaient et les solutions qui s’imposaient trouvaient leurs résolutions dans la générosité spontanée mue par une intelligence collective aiguillonée par la volonté de ne voir surgir aucun « chef ». Ce qui ne veut pas dire absence de fonctions ou responsabilités, mais refus d’un arbitraire imposé et rejet de toute autorité tutélaire.

L’émergence de cette intelligence en action au sein d’un petit peuple sans formation ni expérience de la militance (les militants expérimentés faisaient piliers cependant) a montré un fort potentiel et nourrit une grande espérance. Nécessité fera loi. Quand s’imposera la solidarité face aux difficultés, je suis convaincu que de ces forces latentes, surgiront des solutions et de nouveaux modes d’organisation, qui se passeront de formation ou explication « à la démocratie ou à la constitution », car les hommes ont en eux les ressources d’intelligence collective pour s’entendre.

La lenteur d’évolution actuelle qui se manifeste dans l »abscence de coordination d’ envergure autre que spontanée, tient au fait que le petit peuple doit par l’expérience identifier forger et nommer lui même les outils concepts et modes d’assemblée qui lui permettront de se constituer et d’œuvrer ensemble. Un processus qui n’ira pas sans la refonte d’un socle de pensée non-autoritaire dans les esprits.

Ce dégagement « des idées et de la langue des maîtres », prendra du temps. La longueur de mobilisation des GJ a permis de jeter les bases de ce renouveau. Beaucoup ont appris. L’apprentissage se poursuit en mode plus dispersé. Parfois amer face aux événements. Mais peu à peu des mots des notions émergent, s’imposent. Des expériences font jour. Ici un syndicat GJ, là un îlot de partage et d’entraide, ici un foyer de réflexion, ailleurs un réseau de mobilisation…

Il y aurait toute une étude sémantique et sociologique à faire sur l’émergence de ces nouveaux concepts, leur formulation et leurs mise en pratique, à tout le moins une veille. Ce que je m’efforce de faire. Ouvrir grand mes yeux et mes oreilles. Et ce que je vois et entends me fait dire que ce lent renouvellement ne fait que commencer. « Première Génération » à pouvoir tout changer… G1 ! Ça me rappelle un slam écris en septembre 2018 que je dois remanier pour publication sur le site.

J’ajoute pour clore ma participation ici qu’il nous faudra bien un jour considérer que nous sommes nés esclaves avec des cerveaux d’esclaves dans un monde forgé depuis des millénaires pour entrenir cet état de fait, (que l’on soit socialement d’un côté ou l’autre de la barrière, on pense esclavage) monde dont les bases s’effritent et provoqueront à terme si ce n’est déjà, un effondrement du système en place et du mode de pensée hierarchique qui le fonde et le soutient.

Que de nouveaux modes de pensée et d’organisation, de nouvelles aspirations germinent et émergent et surgissent, parfois éruptivement comme avec les GJ (mais ne vivons-nous pas une ère de volcan dixit ANNIE LACROIX-Ruiz)?) , est un signe que l’homme peut évoluer et se surprendre lui-même. N’en déplaise à certains comme Alain Accardo, l’homme en a encore sous le pied… Et je le lis ici, sous le chapeau.

Sortir de l’esclavage au sens large pour tout un peuple est comparable à un exode. C’est de retrouver le sens d’une action et un horizon sur le long terme qui donnera aux générations qui suivront la force d’aller de l’avant. Les GJ ont envoyé un signal et tenu une position inédite dans l’histoire. Ils ont faite DATE. D’autres lui répondront.

6 mois de mobilisation sans chefs, sans partis, sans institutions. Une dispersion aujourd’hui mais des marques, des repères historiques, des faits d’armes, des joies retrouvées, des bonheurs simples redécouverts, des combats coude à coude qui font revivre la fraternité… Vous croyez que ça va s’arrêter là ?

Un exode n’est pas une rando du dimanche ou une petite sortie bourgeoise en trottinette sur le trottoir. C’est le voyage d’une vie, une Ascension, une Odysée, un périple. A la halte QG je partage rafraissements encouragements, difficultés et vivres. D’autres le font ailleurs.

Myriades de sentiers mais une seule et même poussée. Ce mouvement souterrain est confus comme inconscient de lui-même, en gestation d’une prise de conscience collective, d’une recherche d’occasions de faire geyser. Le jour où cette prise de conscience se fera, ce sera un vraie déferlante.

On verra alors avec évidence ce qui est déjà là, que nous ne voyons pas encore mais que nous sentons venir. Nous le verrons car nous le vivrons en conscience. Aujourd’hui nous l’ignorons, mais en dedans de nous, nous savons déjà que cela se prépare.

Entends-tu l’herbe qui siffle
L’arbre qui frémit ?
Alors écoute le chant d’ici…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *